Patti Smith: écrire et chanter 29 décembre
Corps de plane
« nous sommes arrivés dans cette région tout à fait par accident. il n’y a pas eu de suspense renversant; nous avons simplement dérivé puis atterri. sur du sable. notre vaisseau a coulé très vite sans un bruit. les autres ont enlevé leurs chaussures? je n’en avais point et je suis partie devant, seule. mes compagnons ont choisi une autre route vers l’aventure et je ne les ai jamais revus. j’étais étrangère, seule, sans inquiétudes ni regrets. nous avions atterri comme un rêve et je laissais donc le futur se déployer comme les pétales d’une fleur séduisante et sinistre… »
Il est surprenant aujourd’hui de voir un chanteur de musique populaire écrire un livre. Je veux dire écrire un « vrai » livre. Ni une biographie, ni une commande, ni un livre écrit par un autre. Pas un livre de circonstance. Mais un livre qui vienne de son tréfonds.
Dans les années soixante-dix, c’était d’autres temps où l’on rêvait de la lune sans doute et de biens d’autres choses encore. Les menaces du monde étaient ce qu’elles étaient. Étaient-elles pires que celles d’aujourd’hui? Étaient-elles plus légères?
Se souvient-on que quelques-unes des « idoles » d’alors (c’est le terme que l’on employait il me semble) écrivaient de « vrais » livres?
Leonard Cohen nous a donné « Mort d’un séducteur », Jim Morrison « Seigneurs et nouvelles créatures » et « Une prière américaine et autres écrits. »
L’un des personnages les plus extraordinaires, extravagants, inventifs, créatifs, hors toute norme et dont la musique demeure encore aujourd’hui d’une étourdissante fortune, la chanteuse Patti Smith a écrit des poèmes toujours insolites dans une sorte de recueil intitulé « Babel » (éditions Christian Bourgois).
Pour Patti Smith, écrire, chanter, à cette époque parce que l’époque était ainsi, s’adonner à des substances étrangères, à la sexualité, à la joie, à la souffrance, à la peine, à l’enchantement, tout cela c’est tout un. C’est vivre.
Écrire et chanter de la musique « rock », c’est « tout un »: voici qui peut sembler malgré tout ce que l’on entend, ce que l’on pense, encore un mystère. Rares sont les musiciens qui écrivent. Quand on chante une chanson, par les mots et par la musique on dit quelque chose. Mais d’une autre manière que lorsqu’on l’écrit.
Pourtant -et c’est là le mystère- quand on écrit quelque chose dans un livre, quand on chante, c’est toujours la même chose qui se dit.
Si on le dit parce que c’est ce que l’on a à dire, ce que l’on doit dire et que personne d’autre ne pourra jamais dire…
Rue des guides
« ceux qui ont souffert comprennent la souffrance et donc tendent la main. la tempête qui déchire blesse et rend aussi fertile. bénie soit l’herbe et les herbes et le buisson d’épines et de lumière… »
Et, en fin, quelques minutes avec Patti Smith en un seul « clic »: