Pina Bausch: en frôlant un rêve

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« Je me souviens de ses bras se mouvant dans l’espace, flottant presque… ses bras nus dans Café Müller flottant pour toujours… » (Pedro Almodovar)

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« Se lever, s’affaler,

tituber, s’effondrer,

se dérober, saisir, relâcher,

sauter, bondir, pirouetter,

s’affaisser sur soi même,

rouler, chercher protection,

s’endurcir, se tendre,

s’entrelacer, prendre par l’épaule

se toucher et s’éloigner l’un de l’autre,

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se laisser soulever, porter, tomber

baisser la tête, pleurer, rire, exulter, glousser

éclater de joie, pouffer, sangloter,

glisser, trébucher, faire la galipette, foncer…

aller, marcher, courir, cavaler, s’arrêter,

rester immobile… » (Wim Wenders discours pour Pina)

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Évoquer, invoquer Pina Bausch ne peut se faire que dans un certain silence. « Recueillement », disent certains…

On peut seulement rêver, partager le rêve, cette chose au monde si secrète qu’elle est celle qui se partage le mieux. Elle est celle où tout partage s’accomplit.

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Avec Pina Bausch la danse fait voir cela-même qui fait voir.

A la fois énigme, manifestation, secret, vérité accomplie, nuages et révélation, obscurité et innocence.

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« Quand on y regarde de près, tout provient d’un incoercible besoin d’amour » (Pina Bausch)

C’est alors que « Pina Bausch est là, simplement, imprégnant l’atmosphère de son indicible présence, de sa timidité, de sa redoutable lucidité, de cette densité qui donne à penser que tout ce qui l’entoure aussitôt se retire en elle pour l’éclairer de l’intérieur et diffuser comme une aura autour de sa personne. » (Raphaël de Gubernatis)

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Le corps des danseurs n’est pas un corps matériel. Il n’est même peut-être pas celui que nous voyons.

Le corps des danseurs est invisible.

C’est pour cela qu’il est présence, qu’il est présent.

Il est toujours présence. Il est l’instant.

Tel que la vie se manifeste dans cet instant, hors de toute durée et de tout espace.

La danse de Pina Bausch est démesurée. Elle ne se mesure pas. Elle est sans mesure commune.

Elle est comme la pleine lune (« Vollmond » est le titre d’une des chorégraphies de Pina Bausch) le signe de la permanence.

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Dans le ciel de la nuit. Mais du jour aussi où l’on peut souvent la voir. Où elle se trouve.

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« La danse existe quand bien même elle n’est pas directement exhibée. Pina est une créature façonnée par elle: tous ses spectacles le démontrent. » (Jean Cébron)

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C’est bien ainsi que Pina Bausch a su « arracher à l’individu l’essentiel de lui-même, sans autre intermédiaire que son corps et sa voix. »

L’essentiel ne s’aperçoit que là où il n’y a pas d’intermédiaire, pas de « medium ».

Là où le « medium » disparaît.

C’est la seule définition de la « nudité »; la définition solitaire de la nudité.

Toute nudité est une solitude absolue.

Toute solitude est nue.

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La nudité c’est l’individu qui se déploie. Qui est, soudain, déploiement de soi.

Il ne s’en « remet » plus, en cet instant, qu’à lui-même.

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C’est comme si Pina Bausch nous avait toujours dit: « Viens, danse avec moi » (C’est « Komm tanz mit mir » déjà en 1977).

Elle nous a emportés.

Certains spectateurs, pourtant, ont fuit la salle. Ils ont bien fait.

On ne fréquente pas sans risque, sans amour, sans don de soi, la danse, l’origine de la danse.

On ne doit pas attendre de recevoir quelque chose de cette danse qui est au début de tout.

On doit se donner à elle…sinon il vaut mieux s’échapper. Autrement, cela serait « mortel »!

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Pina Bausch était comme la vérité, « on ne pouvait que la frôler » (Mathilde Monnier).

Comme nous ne faisons que frôler le sol sous nos pas.

Comme les fleurs sont l’image de ces rêves qui nous habitent, qui sont notre vie, qui nous font danser. Avec Pina…

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(Les citations de ce texte proviennent pour une part du numéro spécial hors-série du magazine Danser paru en juillet 2009. Les propos de Mathilde Monnier ont été recueillis par Gérard Mayen. Les autres citations proviennent du programme du Théâtre de la Ville -Paris- Pina Bausch novembre 2009) 

Pour rêver encore, pour frôler les émotions qui ont fait la danse de Pina Bausch voici quelques musiques de quelques musiciennes et musiciens qui ont donné de leurs talents et de leurs passions:

Cat Power

http://www.musicme.com/Cat-Power/albums/The-Greatest-0744861074427

Tom Waits

http://www.musicme.com/Tom-Waits/albums/Real-Gone-8714092667820.html

Amalia Rodrigues

http://www.musicme.com/Amalia-Rodrigues/albums/Songs-From-Portugal-3700368449660.html

Leon Parker

http://www.musicme.com/Leon-Parker/albums/Belief-5099748513823.html

Duke Ellington

http://www.musicme.com/Duke-Ellington/albums/Masterpieces-By-Ellington-5099751291824.html?ipg=5

Ben Webster

http://www.musicme.com/Ben-Webster/albums/Blue-Skies-8013252384523.html

Lisa Ekdahl

http://www.musicme.com/Lisa-Ekdahl/albums/Sings-Salvadore-Poe-0743219027023.html

Nicolette

http://www.musicme.com/Nicolette/albums/Life-Loves-Us-0881390640225.html

René Aubry

http://www.musicme.com/Rene-Aubry/albums/Steppes-3307510991420.html

Amon Tobin

http://www.deezer.com/listen-3966086

Jun Miyake

http://www.deezer.com/listen-4050505

Alexander Balanescu

http://www.deezer.com/listen-2946025



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