« Dernières nouvelles du jazz » par Jacques Aboucaya: l’actualité imaginaire

Il n’est jamais trop tard non seulement pour bien faire mais il n’est jamais trop tard pour s’informer des « Dernières nouvelles du jazz ».

C’est sous ce titre que Jacques Aboucaya que l’on connaît comme l’un des meilleurs commentateurs de l’actualité du jazz dans « Jazz Magazine », que l’on connaît aussi comme l’un des meilleurs connaisseurs ( « des meilleurs » et surtout « des plus compétents ») des différentes et nombreuses facettes de cette musique (il écrit dans les excellents « Cahiers du jazz » de Lucien Malson), Jacques Aboucaya a publié en 2005 son dernier livre aux éditions de L’âge d’homme.

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Il faut avec avidité s’engouffrer dans ces différentes nouvelles qui sont d’une actualité brûlante, c’est-à-dire toute imaginaire. Les « nouvelles », on l’aura compris, ont ici deux sens. Celui de la forme littéraire, celui de l’information.

Ce qui nous montre, ici aussi, que l’invention – parfois la plus insolite, la plus « débridée » – peut nous en apprendre autant qu’une dépêche « urgente » de la plus réactive des agences de presse.

Il y a ici douze nouvelles qui sont autant de petits et grands bonheurs. Avec du rire, des larmes, de l’ironie, du suspense, des musiciens de jazz, des vrais et tous les autres qui sont presque aussi nombreux, sinon davantage, le mont Canigou, des critiques de jazz ou des critiques tout court, des hommes, des femmes, bref, avec tout ce qui fait le bric-à-brac de la vie quotidienne ou de la vie exceptionnelle qu’est celle des musiciens.

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(Johnny Hodges « The Rabbit »)

Ça commence par un grand éclat de rire. La « chute » de la première des dernières nouvelles du jazz – « chute » qui est comme le dénouement d’un film d’Hitchcock, qu’on ne peut, qu’on ne saurait dévoiler – ne fait pas sourire. Elle provoque un rire « à haute voix » irrépressible. Il y a là un oiseau qui s’appelle « Lapin » : ça promet. Et la promesse est tenue. Bien sûr il y a l’ombre du saxophoniste Johnny Hodges qui avait pour surnom « Rabbit ». Mais il y a surtout… NON : allez donc y voir !

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(Johnny Hodges toujours)

Ça continue par une autre nouvelle qui est à l’opposé de celle-ci tant elle est empreinte d’une émotion tragique, de destins irrémédiables. Elle est en quelque sorte dédiée à l’immense saxophoniste Albert Ayler disparu à l’âge de trente-quatre ans.

« Il sourit tristement. Jane voudrait le consoler, lui dire qu’elle a entendu, elle, le message. Que sa vie en a été changée, là, dans l’instant. Que tout a basculé de façon irrémédiable, et qu’importe si les autres… » 

Et, quelques lignes plus loin, à peine :

« …Quand, le 27 novembre au matin, le médecin légiste examina Jane qui venait juste d’être retirée du bassin, il fut frappé par la sérénité qui émanait de son visage aux traits enfantins. »

 

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(Albert Ayler)

Quand on est capable d’écrire cela, de façon aussi concise, aussi simple à la fois et aussi intense, c’est que l’on sait au plus profond de soi ce qu’est la douleur, ce qu’est l’intelligence du monde et du cœur, ce qu’est la vie quand elle bat vraiment à chaque instant.

Quand on est capable de dire cela, de cette façon, émouvante et juste, c’est que l’on écrit avec talent. « Avec talent », ce qui veut dire, non pas avec une sorte de savoir-faire qui permettrait plus ou moins de se défaire de tous les pièges soi-disant tendus par l’écriture, mais en étant capable de faire ressentir ce que l’on ressent soi-même et sans doute ce que l’on est soi-même.

Il reste donc dix autres « nouvelles » qui nous « embarquent » toutes avec bonheur. Elles sont sarcastiques, ironiques, drôles encore ou passionnées presque toujours. Ne tardons pas à les découvrir, même si elles sont intemporelles, au-dessus, au-delà du temps qui passe.

Pour finir, un peu de la musique de Johnny Hodges et de celle d’Albert Ayler:

http://www.musicme.com/Johnny-Hodges/albums/Everybody-Knows-0602465445220.html?play=01

http://www.musicme.com/Albert-Ayler/albums/Music-Is-The-Healing-Force-Of-The-Universe-0044006538327.html?play=01



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