Ces choses que je voulais dire… (James Sallis et Bessie Smith) 27 avril
Il est des mots qui semblent, parfois, n’avoir nul besoin de commentaires: c’est quand ils se suffisent à eux-mêmes, quand ils disent ce qui fait la souffrance, la douleur, la joie, la vie…
Ceux-ci sont extraits d’un roman que l’on dit policier dont l’auteur est James Sallis. La musique est celle de Bessie Smith.
« …
- Je vais d’abord rattraper le sommeil en retard. Ensuite, je verrai.
- Bon, alors je ne t’appellerai pas. Au revoir.
Elle s’est penchée et a effleuré ma joue avec la sienne. Je me suis demandé comment ce serait sans elle. C’était un peu comme essayer d’imaginer le monde sans arbres ni nuages.
…
J’ai versé du brandy dans un verre à thé, en fixant l’œil rouge et clignotant du répondeur. J’ai mis Bessie Smith et mon corps s’est balancé au rythme de sa voix pleine de promesses : le blues du lit vide, les neuf jours de spleen, la maison pleine de fantômes, la soif et la faim. Chaque note, chaque mot, semblait arraché, avec la plus grande difficulté, du plus profond de moi-même.
…
Un peu plus tard, allongé auprès d’elle, je voulais lui demander de ne pas me quitter, de ne pas repartir. Je voulais lui dire que les moments passés avec elle étaient les meilleurs que j’eusse connus, qu’à travers elle, je me sentais rattaché à l’humanité, au monde dans son ensemble, comme jamais auparavant ; qu’elle m’avait sauvé la vie, que je l’aimais. Il y en avait tant, des choses que je voulais lui dire et n’avais jamais dites, ne lui dirais jamais. » (1)
(1) James Sallis « Le Faucheux » (Folio policier/Gallimard) (1)
Ce texte est un montage constitué dans le désordre d’extraits du livre cité.
(James Sallis)
La musique de Bessie, impératrice du blues, est ici:
http://www.musicme.com/Bessie-Smith/albums/Bessie-Sings-The-Jazz-3700368423578.html?play=10
(Bessie Smith)