Sunny et Sonny par Alain Gerber: « Une année sabbatique »

 

Sunny et Sonny par Alain Gerber:

 

Il y a des romans qui surprennent, qui saisissent au point que vous ne pouvez plus les lâcher et que, parfois même, ils hantent votre sommeil.

Il y a aussi des romans qui vous emmènent dans des régions dont vous ne soupçonniez même pas l’existence avant des les avoir ouverts. Et dont, vous n’êtes pas tout à fait certain, en les refermant qu’ils sont bien réels.

Mais ce dont vous êtes sûrs c’est qu’ils vous ont ouverts des voies. De traverse sans doute. Mais des sentiers qui vous ont fait découvrir quelques vérités de plus. Et, ces romans-là, ne dévoilent jamais que des choses essentielles. Qui étaient encore cachées pour la plupart. Mais sans lesquelles vous savez bien que vous n’auriez jamais été vous-même et que peut-être aussi vous n’auriez jamais respiré, ni l’air du temps, ni celui de votre enfance, pas même celui du matin où vous les ouverts pour la première fois.

« Une année sabbatique » d’Alain Gerber fait assurément partie de ces livres.

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Est-il si important de dire que le saxophoniste Sonny Rollins s’y cache sous un nom d’emprunt, celui de Sunny Matthews ? Un nom qui ne dissimule pas grand-chose de celui qui a inspiré, suscité, provoqué cette histoire. Certes, ici tout (ou presque) est inventé. Mais, une fois de plus – une fois de plus chez Gerber – ce qui est inventé est plus vrai que la vérité sans voile aucun.

D’autres musiciens de jazz apparaissent au cours de ce récit. Tous ont des noms ou surnoms qu’on ne trouve dans aucun dictionnaire (pas même le « Petit Dictionnaire incomplet des incompris »). Parfois, on peut s’y perdre un peu. Oublier, au fil des pages, qu’untel est untel.  Douter que l’on ait bien compris qu’il s’agissait de lui. Mais cela fait assurément partie intégrante du jeu : nous égarer c’est « l’art » de l’écrivain, celui de l’inventeur. C’est dans ce genre de parcours, hasardeux, vagabond, que réside la littérature. Quand elle ne prend pas le lecteur pour le premier venu ou pour un sot, mais qu’elle l’aime vraiment, qu’elle l’aime comme on aime un ami.

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Sur le jazz, sur ses protagonistes, « Une année sabbatique » ne prétend rien nous apprendre. Mais sur toute musique, à propos de la création, bien davantage. Mais sans prétention toutefois. Plutôt comme « en passant », l’air de rien ou en tout cas de pas grand-chose.

C’est sur la vie que ce livre nous dit beaucoup.

« Pour chaque improvisateur, comme pour chaque compositeur, le problème, c’est lui. Lui seul. Nu […] Cette vérité-là est indépassable. La contourner revient à entamer dans le vide une chute qui ne rencontrera jamais le sol. On se dissout dans l’air du temps. »

Et que nous soyons seuls est une évidence : « Une chose est certaine : un homme n’a pas le cœur assez grand pour adieu à toutes ses solitudes à la fois. »

Parce que notre vie n’est que la nôtre – même si, en lisant un livre, en écoutant, Sonny Rollins-Matthews ou en se laissant gagner par les couleurs d’un tableau ou la courbe d’une statue, c’est ainsi qu’on la découvre.

« La vraie vie […] existe vraiment [… C’est] celle qu’on ne vit ni en rêve, ni par procuration. Celle qui ne s’écoule pas en dehors de son propre cours, ne se déroule pas derrière son propre dos. Une vie avec laquelle on se sent coïncider point par point. »

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