« Yves Bonnefoy et la philosophie », en compagnie du poète

 

 

 

Alors que les « Œuvres poétiques » d’Yves Bonnefoy viennent de paraître dans la « Bibliothèque de La Pléiade » – édition admirable au demeurant, tant les notices et notes, nombreuses, sont éclairantes du travail poétique comme des « essais » de l’écrivain lui-même – est publié depuis quelques jours un passionnant ouvrage qui porte pour titre « Bonnefoy et la philosophie » (Editions Manucius, Paris 2023).

 

Ce dernier livre – il faut le dire dès maintenant – se constitue autour d’une sorte de miracle : la reproduction sous forme de fac-similé de la main-même d’Yves Bonnefoy d’une intervention « informelle » auprès de professeurs du Collège de France, le 17 janvier 1991, « pour intéresser à Jacques Derrida. » Ce n’est pas tant le caractère « rare » qui fait dire qu’il s’agit ici de miracle que du fait que cela nous montre, avec l’émotion qui l’accompagne et au travers-même du propos du poète, comme du mouvement de sa main, sans doute identique à celle de son intention et de son esprit tout entier, de sa personne, quelque chose d’unique, d’intense, comme la proximité vivante du poète lui-même.

 

Cet événement est fort justement présent au centre de l’édition comme s’il l’articulait et la supportait, la soutenait. De part et d’autre, sous la direction de Jérôme Thélot (lui-même étant l’un des éditeurs du grand volume de « La Pléiade ») on lira, classés sous deux chapitres, des textes de vingt-trois auteurs (dont Thélot lui-même) : « L’héritage philosophique chez Bonnefoy » et « Rencontres et confrontations ». Dire leur intérêt est ici impossible, mais on peut seulement souligner en quoi de terme d’ »intérêt » est bien impuissant en la circonstance.

 

Ainsi « Yves Bonnefoy et la philosophie » se présente assurément comme – plus que le complément des « Œuvres » – on pourrait dire le compagnon sur le chemin de partage avec sa poésie. Ceci serait peut-être plus explicite et surtout plus proche, plus exact. En effet, si la lecture des « Œuvres poétiques » conduit de toute évidence une approche intime de la présence de l’écrivain lui-même, ce livre-ci nous guide alors avec une attention de tous les instants dans cette lecture (et probablement re-lecture), ce qui permet à chacun d’aller de pas mieux assurés et plus encore d’entendre avec toute la lumière possible ce que dit le poète.

 

Comme le souligne Jérôme Thélot dans sa présentation, Yves Bonnefoy n’était pas philosophe. Mais, comme il est dit également, penseur, assurément. C’est cette sorte d’identité entre la poésie et la pensée qu’Yves Bonnefoy nous offre. Ici, en cet instant alors, nous devons certainement être attentifs, attentionnés, ouverts au présent lui-même. Sans doute aussi vers l’avenir.

 

Il faut enfin citer toutes les contributrices et contributeurs de ce beau travail et souligner la qualité de l’édition, la photographie qui présente le livre (crédit Mathilde Bonnefoy) en étant le premier témoignage.

Avec les contributions de Teddy Balandraud, Étienne Bimbenet, Sara Bonanni, Dominique Combe, Matthieu Contou, Natalie Depraz, Jeanne Dorn, Michèle Finck, Georges Formentelli, Ramona Fotiade, Jérôme de Gramont, Yvon Inizan, José Kany-Turpin, Sébastien Labrusse, François Lallier, Baptiste Loreaux, Jean-Philippe Milet, Patrick Née, Ahmet Soysal, Michel Terestchenko, Jérôme Thélot, Bernard Vouilloux, Patrick Werly et un inédit d’Yves Bonnefoy.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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