« Epreuve de soi et vérité du monde: depuis Michel Henry » par Roland Vaschalde 23 septembre
Après un livre intitulé « A l’Orient de Michel Henry » Roland Vaschalde publie aujourd’hui aux éditions Orizons « Epreuve de soi et vérité du monde : depuis Michel Henry ».
Ce livre, au titre d’une subtile intelligence, est composé de douze textes écrits en quelque sorte « au fil » des réflexions de l’auteur, toutes en résonnance étroites avec la pensée de Michel Henry, même si (et, sans doute, parce que) les thématiques abordées sont parfois assez lointaines de celles du philosophe comme, le sont par exemple, l’œuvre de Salvador Dali, la Kabbale ou la maladie d’Alzheimer.
On y lira (ou relira) aussi un texte, intitulé « Tout voir » publié sur le blog « L’Instant ». C’était en 2009.
La lecture de ce dernier livre de Roland Vaschalde manifeste l’extraordinaire fertilité de la pensée de Michel Henry, fertilité qui a souvent été soulignée par ses nombreux commentateurs. Les lecteurs familiers de la phénoménologie matérielle n’en seront donc pas surpris et trouveront à coup sûr un intérêt insigne à chacun de ces textes. D’une part en raison souvent de leurs thématiques originales, comme il vient d’être dit, d’autre part parce qu’ils sont tous menés d’une écriture rigoureuse et d’une pensée sans faille.
Il faudrait cependant que le lecteur ne se laisser pas emporter par ce que l’on pourrait nommer « l’intelligence » qu’il aurait, en particulier ici, avec la philosophie de Michel Henry.
Celle-ci est d’une grande cohérence et marque à coup sûr une étape considérable dans l’histoire de la pensée. Son caractère absolu – en ce sens qu’elle est essentielle, que son écriture est d’une rigueur de chaque instant en même temps que, souvent, d’une véritable et grande beauté, dépasse ce que l’on appelle parfois « la pensée occidentale ». Le précédent ouvrage de Roland Vaschalde l’avait, à sa manière, souligné.
Mais « ne pas se laisser emporter » a aussi deux significations :
La première veut dire qu’il est nécessaire de dépasser le cadre déjà très large du champ de réflexion de l’auteur lui-même. On peut dire que sur ce point Roland Vaschalde réussit parfaitement le projet.
La seconde est que toute actualité d’une pensée ne peut demeurer qu’au travers de la critique, à savoir au travers des interrogations que l’on doit porter alors même peut-être que l’on est en accord avec elle. Car enfin, toute pensée ne demeure présente que si elle suscite des interrogations nouvelles.
Si fertile et généreuse soit-elle, et sans doute pour cette raison même, la phénoménologie matérielle, ne dit pas tout sur tout et, plus encore ce faisant, elle ne peut que laisser apparaître des questionnements sans réponse. Là apparaît son véritable « génie », dans ce qu’elle nous laisse encore comme « impensé ».
La phénoménologie matérielle n’est de toute évidence pas une « doctrine » ou un « système » qui pourrait avoir réponse à tout (ou, en tout cas, à une multitude indéfinie de problématiques).
La philosophie de Michel Henry trouve sa richesse dans ce qu’elle nous laisse comme questions. Peut-être sans fin.