Société, politique…(questions de)

Cette page a pour but de recueillir quelques interrogations qui ont trait à la société; de l’ethnologie à la politique. Le champ est donc large.

1 avril 2011: rien ne change?

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« Aujourd’hui où tous les partis ont trahi, où la politique a tout dégradé, il ne reste à l’homme que la conscience de sa solitude et sa foi dans les valeurs humaines et individuelles. On ne peut demander à personne d’être juste au milieu de l’universelle démence. Ceux-là mêmes qui étaient auprès de nous, ceux-là mêmes que nous aimions, n’ont pas su rester lucides. Mais au moins on ne peut forcer personne à être injuste. Conscients de ce que nous faisons, nous refuserons l’injustice aussi longtemps que nous le pourrons et nous servirons l’individu contre les partisans de la haine anonyme. »

« Ce ne serait pas assez de reconquérir les apparences de liberté dont la France de 1939 devait se contenter. Et nous n’aurions accompli qu’une infime partie de notre tâche si la République française de demain se trouvait comme la Troisième République sous la dépendance étroite de l’argent. »

Ce sont deux textes d’Albert Camus qui datent respectivement de 1939 et 1944. Ne pourrait-on les faire nôtres aujourd’hui?

4 mai 2010: l’affaire des frégates

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L’Etat français est condamné dans l’affaire des « frégates de Taïwan » pour des commissions illégales. Mais cette illégalité n’est pas le fait de l’Etat qui est l’ensemble du peuple français (si cette formulation est encore intelligible aujourd’hui). Elle est le fait des quelques personnes qui ont décidé cette pratique. Ca n’est pas au « peuple », c’est-à-dire au contribuable de payer. Aux seuls responsables qui, pour le coup sont coupables de le faire. Ils n’ont pas agit que je sache à la suite d’un vote de l’Assemblée nationale…

4 mai 2010: le pouvoir des « marchés »

Savons-nous ce que nous disons quand nous disons ou entendons (à la radio, à la télévision) « les marchés »?

En tout cas, si nous continuons de laisser les agences de notation décider de la politique, si nous concevons les Etats comme des entreprises, si nous en faisons des équivalents des sociétés anonymes et privées cotées en Bourse, c’est donc que De Gaulle est définitivement enterré (lui qui disait que ça n’était pas « à la corbeille » que se faisait la politique de la France. Aujourd’hui c’est celle de l’Europe et du monde entier qui se fait sous le contrôle du système économique privé.

Ce qui signifie que, de façon volontaire ou non, consciente ou non, nos « hommes politiques » sont des agents de ce système.

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Ce qui signifie que le pouvoir politique qui n’est pas un pouvoir parmi d’autres mais qui est par essence un pouvoir suprême pour ce qui concerne l’organisation des société, a concédé sa suprématie à un autre pouvoir, celui de la puissance de l’enrichissement.

Avons-nous atteint le stade supérieur du capitalisme et donc à la fin d’une période ou au contraire au début d’une autre?

2 mars 2010: Après la démocratie…

« La crise » des pays occidentaux qui semble durer depuis le milieu des années 1970 n’est pas la première « crise » économique et sociale que ces pays ont rencontré dans le cours de leur histoire contemporaine. Au XX° siècle ce qui était peut-être une « crise » a été provoqué et a entraîné une « faillite » des démocraties en Europe. Le chômage et l’inflation ont conduit au pouvoir des régimes autoritaires (c’est la moindre des qualifications que l’on puisse en faire!).

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Il n’est pas du tout certain aujourd’hui que des causes analogues entraînent des effets analogues. La chute du mur a fait croire que la liberté était la négation de l’Etat. Qu’il fallait moins d’Etat pour que tout aille mieux. Puisque tout va plus mal, faut-il donc plus d’Etat? Il serait plus qu’hasardeux d’apporter une réponse ici…

Toutefois, il ne semble pas inintéressant d’observer plus simplement ce qui se passe depuis le début de la situation de « crise » évoquée plus haut (c’est-à-dire depuis que la croissance ne suffit plus au développement et pas même à maintenir une situation existante et cela depuis près de quarante ans…peu ou prou).

Ne peut-on décrire cette situation comme une sorte de renversement de la démocratie? Tout ne se passe-t-il pas comme si l’impuissance démocratique ne faisait que croître dans les faits alors qu’au même moment c’est en son nom que l’on engage par exemple, des opérations militaires totalement improbables (au sens où il est prévisible, sans être grand clerc, qu’elles sont vouées à l’échec).

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En réalité, au nom de la démocratie, c’est à peu près partout dans le monde la démocratie elle-même qui s’efface et ceal au profit (c’est peut-être le cas de le dire, à moins qu’il s’agisse d’un lapsus!) du pouvoir économique. Au profit d’un pouvoir économique qui ne travaille que pour lui-même. Tout en disant qu’il le fait parce qu’il est la source même de la démocratie.

C’est d’une autre non-démocratie que dans les années 30 en Italie et en Allemagne, voire en URSS si l’on veut élargir le champ, qu’il s’agit aujourd’hui, sans aucun doute bien moins terrible et terrifiante, une non-démocratie qui nous épargnera peut-être le sang, mais il s’agit quand même d’une « guerre » dans la mesure où la sphère politique ne maîtrise plus l’organisation sociale comme le système démocratique l’implique. La « crise » n’est pas finie…

9 novembre 2009: « la chute du mur »

Célébration de la chute du mur: cela « va bien » à toute la droite et la social-démocratie d’aujourd’hui. Tout le monde peut se retrouver pour condamner le stalinisme dans ses faces les plus absurdes et effectivement intolérables.

Mais du coup ne va-t-on pas un peu vite avec toute idée de « communisme »?

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Ne peut-on pas aussi se demander ce que la « liberté » s’étendant à la planète comme on nous le dit sans vergogne (Ah bon, les Chinois sont libres? et en Afrique? et ailleurs en Asie? et chez nous en Europe, nous sommes libres?) a vraiment gagné dans cette affaire. Il n’est pas douteux que des individus y ont gagné: en Roumanie, en Allemagne de l’Est, en Russie et ailleurs.

Mais la liberté, le principe de liberté n’est-il pas devenu du même coup, non plus une liberté des hommes mais une liberté des marchands et de l’économie? Quand on entend parler de liberté aujourd’hui tout se passe comme si la liberté devait être l’anarchie dans le domaine des échanges commerciaux et surtout financiers (pas de droit, pas d’empêchement, mais « laisser faire-laisser passer » au sens le plus absolu s’il vous plaît messieurs les Etats!) et, en contrepartie en quelque sorte, pour les individus une soumission (le contraire de la liberté) à la loi sans entrave (est-ce alors une loi?) de ces échanges (« les marchés », c’est comme cela qu’on les appelle).

Dans son dernier livre Jacques Attali nous explique que la chute du mur c’est le début d’un ère nouvelle qui a pour conséquence un appauvrissement des pays riches et un enrichissement des pays pauvres et que l’Afrique va elle-même devenir une « région » du monde (ou de la mondialisation) enfin prospère.

Parions que les pays riches vont s’appauvrir (que les riches deviendront plus riches et les pauvres, plus pauvres) et que les pays pauvres ne s’enrichiront pas, voire même s’appauvriront un peu. Alors on nous répondra que l’Inde, la Chine, le Vietnam eux, s’enrichissent.

« La chute du mur »: nous devrions nuancer sérieusement notre enthousiasme en regardant avec un peu de sang-froid ce qui s’est passé en vingt ans. Et aussi ce qui ne s’est pas passé et que l’on devrait regretter. Au point de se battre pour qu’il y ait avec la liberté un peu plus de fraternité (si souvent oubliée dans les discours) et d’égalité.

Sans l’un de ces trois principes de la société, il n’y en a plus aucun des deux autres qui puisse être atteint: il n’y a plus de société qui vaille comme idéal et encore moins comme réalité concrète.

1 novembre 2009: l’identité à venir

Il semblerait qu’il soit nécessaire de savoir ce qu’est « l’identité nationale ». Et, comme l’on dit à tout bout de champ, que cela « fasse débat ».

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On peut se demander tout d’abord si la « nation » est-il si différente que cela du « peuple » qui la constitue?

Et, si le peuple est souverain, comme il doit l’être, comme il l’est, alors son identité n’est rien d’autre que ce qu’il décide.

Et son identité est sa souveraineté et son unité.

Son unité est sa capacité, sa volonté à unir, à réunir.

En d’autres termes, « l’identité nationale » n’est en rien, absolument en rien, une « donnée », quelque chose qui précèderait le peuple en quelque sorte. Comme s’il y avait une « identité nationale naturelle ». (Et alors, il faudrait savoir si la nature c’est la terre ou le sang. De quoi déclencher une guerre civile et pourquoi pas mondiale.)

L’identité est ce que l’on décide, le futur que l’on veut se donner et non le passé que nous devrions continuer oou poursuivre, envers et contre tout. L’identité (selon un usage de la formule usée, trop usée aujourd’hui) est un « projet ». L’identité est à construire, elle est construction. Elle n’est pas une donnée.

L’identité c’est ce qui advient et comment on s’en saisit, ce que l’on en fait. C’est ainsi qu’est une culture, c’est-à-dire l’amitié des barbares, des autres et de nous-mêmes. Nous sommes tous des barbares. C’est ainsi qu’est notre identité nationale: barbare! Notre identité c’est de nous unir dans notre souveraineté. L’identité nationale est une diversité réunie, unie, souveraine.

Cela pourrait être ainsi. Ou à peu près.



1 commentaire

  1. Packshot 2 mars

    Analyse intéressante. J’avoue ne pas avoir vraiment d’idées tranchés sur le sujet, mais c’est intéressant de vous lire.

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